La Géorgie se trouve dans la région qui a vu naître le vin il y a plus de 8000 ans de ça. Ces dernières années, grâce au retour des techniques et du savoir faire ancestral, les vins géorgiens ont réussit à faire oublier le désastre viticole productiviste de la période soviétique. Les vins sont souvent d’une grande qualité et pureté.
Leur marque de fabrique est le vin orange, ou comme le disent eux-mêmes, le vin ambré. Un vin issu de raisins blancs qui a connus une longue macération pelliculaire, le plus souvent élevé dans des amphores en terre cuite enterrées, appelé chez eux Kvevri.
Il existe depuis 5-6 ans une petite mode des vins oranges en France, beaucoup de vignerons s’y prêtent. Mais je trouve qu’on en parle beaucoup, mais qu’on en trouve et goûte rarement. C’est plus en Italie que le mouvement a pris, où a été organisé cette année le premier salon dédié aux vins oranges, à Agazzano pas loin de Piacenza.
De même, le renouveau des vieillissements en amphore, inspiré une fois de plus par la Géorgie, a été déclenché en Italie, entre autres par le Domaine Foradori, qui fait vieillir (avec succès) tous ses vins dans des grandes jarres hors sol depuis plus de dix ans. D’autres pays, comme le Portugal et l’Espagne ont une forte tradition de ce type de vieillissement. En France, le Domaine Viret, dans la Vallée du Rhône, a été un des précurseur. Beaucoup proposent aujourd’hui dans leur gamme une cuvée en dolia.
Revenons au fameux vin orange géorgien. Ils arrivent sur le devant de la scène, aidé par la démocratisation du mouvement des vins naturels. C’est d’ailleurs Thierry Puzelat du Clos du Tue boeuf, une des sommités des vins naturels ligériens, qui importe en premier en France les vins géorgiens, avec l’aide d’Alice Feiring, journaliste vin et écrivaine américaine.
Pour me faire une idée générale de ces vins, j’ai fait une dégustation de 5 vins de 5 domaines différents. Leur prix se trouve entre 16 et 23€.
Domaine : Kortavebis Marani
Vigneron : Tamuna Bidzinashvili
Région : Kakhéti
Cépage : Rkatsiteli
Année : 2016
Un orange sur la résine et la pierre à fusil. Pas d’arômes exubérants. Pas de fruité. Juste des fruits à coque. Il manque une pointe de fraîcheur pour ravivé le tout. Un vin compliqué quand on est pas habitué au style. Il faut absolument l’associer à une cuisine grasse, épicée, aillée, acidulée ou vinaigrée.
4/5
Domaine : Koncho & Co
Région : Kakhéti
Vigneron : Famille Konchoshvili
Cépage : Rkatsiteli
Année : 2012
Toujours un 100% Rkatsiteli, produit par la Famille Konchoshvili, dans la région de Kakhéti. On retrouve certains marqueurs, les arômes de fruits secs notamment. En bouche la poire avec une finale sur la noix. Un peu de tanins pour tenir tête à des viandes blanches. Aucune longueur, le vin s’essouffle en bouche.
3/5
Domaine : Okro’s Wines
Vigneron : John Okruashvili
Région : Kakhéti
Cépage : Mtsvane
Année : 2016
On passe sur un autre cépage, le Mtsvane. Dès l’ouverture, le nez est très beau, sur les fruits séchés et les épices. La bouche est ample d’une belle texture, un peu tannique. Après 30 minutes de carafe, le vin s’ouvre davantage. Malheureusement, très vite il commence a avoir une finale qui brûle. Un excès d’acidité vinaigré (acidité volatile?) qui s’accentue après deux heures de carafe. Très déçu, je referme la bouteille. Je déguste à nouveau, le lendemain midi, et là le vin avait perdu tout son côté vinaigré, tout en ayant gardé toutes ses qualités précités.
1/5 puis 4/5
Domaine : Pheasent Tears
Vigneron : Gela Patalishvili
Région : Kakhéti
Cépage : Rkatsiteli
Année : 2016
Un peu la même histoire que le vin précédent, sauf que je n’ai pas pu le goûter une seconde fois le lendemain. Du coup, je reste sur ma dernière impression de brûlure vinaigré. Et pourtant, à l’ouverture, les arômes de miel et fruits secs, présageaient un vin encore plus complexe que le Mtsvane de Okro’s Wines.
1/5
Domaine : Nikoladzebis Marani
Vigneron : Ramaz Nikoladze
Région : Imrétie
Cépage : Tsitska et Tsolikouri
Année : 2014
J’ai laissé pour la fin le vin de Ramaz qui est un peu différent car il a (à mon avis) connu une macération pelliculaire bien moins longue. On le constate par sa robe, moins intense. Mais aussi par son goût qui exprime beaucoup moins de tanins. Un vin d’une belle fraîcheur et d’une grande finesse. Le bouquet déploie des notes de résine, de zeste de citron et de fruits secs. La bouche est ample, y a de la matière couplé avec beaucoup de fraîcheur. On y perçoit des fruits secs (abricot, prune jaune) et de la noix. La finale est sur la pierre à fusil, très minérale, juste sublime. Il me rappelle certains vins de Philippe Bornard en Alsace. De la minéralité, de la persistance, couplé avec une grande buvabilité.
5/5
Conclusions :
Excepté le Tsitska Tsolikouri de Ramaz, j’ai été très déçu de ces vins, qui pour les uns étaient très instables et les autres plutôt fades. Les vins oranges alsaciens de Binner, Rietsch ou Meyer me procurent d’avantage de plaisir.